C’était en pleine saison aride. Partout régnait un froid sec et tous les animaux de la savane frissonnaient. Ils espéraient trouver du feu pour se réchauffer. Deux chacals décidèrent d’aller en chercher chez les humains. Aux confins de la forêt, l’un dit à l’autre :

– Pars seul, en quête du feu. Je t’attendrai, à l’orée du bois.

Le messager continua solitaire jusqu’au village.

Sur son passage, il vit à terre des os et des morceaux de viande que les habitants avaient jetés au dîner.

Gourmand, il les broya avec volupté. Il mangea tout ce qu’il trouva sur le sol. Ensuite, il arriva auprès d’enfants assis près du feu où un homme âgé leur faisait des récits.

Le vieil homme mangeait des noix de cola et les enfants décortiquaient des arachides qu’ils dégustaient avec plaisir. Les autres goûtaient la viande qu’ils avaient séchée, offerte par les chasseurs.

Le chacal, caché derrière la chaise du griot, attendait, impatient, les os qu’ils lançaient.

Une fois qu’ils l’eurent remarqué, les enfants lui donnèrent beaucoup de nourriture.

Affectueux, ils se plurent à le caresser et à jouer avec lui. Se sentant très bien avec eux, l’animal choisit de ne plus retourner vivre dans la jungle.

Cependant, son ami resté aux aguets s’inquiétait pour lui. Impatient et furieux, il se mit à crier très fort :

– Mbua Nganyi ? Mbua Nganyi ?

C’est-à-dire : « Qui es-tu chien ? ». Tous les chacals de la faune sauvage entendirent son cri et le reprirent :

– Mbua Nganyi ? Mbua Nganyi ?

Les gens du village qui reçurent ce chacal lui donnèrent le nom de « Mbua » qui veut dire « chien » dans le langage des hommes.

Depuis lors, tous les animaux de la savane haïssent « Mbua », le chien qui, pour sa part, a juré de rester fidèle à l’homme.

Source : KAMANDA SYWOR, Kama, 2004. Eben’a. Paris : Éditions Eben’A. ISBN 978-2-913123-02-1, pp. 862-863.